"Quand dieu devint Dieu" par Daniel Meurois
‘‘ Dieu est naturel et simple, il est l’ensemble de toutes les manifestations de la vie ’’
En séjour sur une île, Daniel se promène dans une nature vierge quand trois entités lui apparaissent. Elles lui confient alors un enseignement sur la nature de Dieu que certains, peut-être, seront prêts à recevoir...
Qui sommes-nous encore pour te ravir et te parler ainsi ? Certains nous appellent Les Serviteurs des Anges du Seigneur... Nous acceptons ce nom au-delà des limitations du langage humain car tout service anoblit ; tout Ange est lui-même Serviteur et tout Seigneur vénère un autre Ange qui le guide.
Médite cela comme une simple entrée en matière de ce que nous avons à déposer en ta mémoire. De tels mots sont juste un parfum car tu peux être certain que nous n’utiliserons aucun terme obscur afin de t’enseigner.
Ce temps de la Terre est celui de la Révélation. Nous lèverons donc avec toi les voiles qui recouvrent les mondes puis les frontières qui inventent ces mondes.
Que cela soit dit sans attendre : Ce que nous avons à te confier s’adresse à ceux qui ne craignent pas les explosions, les explosions des structures intimes de leur chair et celles des mirages de leur âme. Oui, nous sommes des dynamiteurs de frontières car les ailes de tout Ange sont, par essence, des détonateurs...
Ainsi, seuls ceux qui n’ont pas peur, pas même peur d’une éventuelle peur, nous entendront. Rares, cependant, sont ceux qui ne craignent pas la totale explosion de tous les murs d’enceinte érigés par l’être. Rares sont ceux qui veulent vraiment... vouloir ! Vouloir oser, vouloir voler, vouloir comprendre, vouloir aimer, parfois pleurer, toujours s’expanser pour vouloir enfin tout embrasser et Etre.
Saisis-tu là où nous cherchons à t’emmener ? En réalité, nous n’avons pas d’autre choix que cette invitation et vous n’en avez pas d’autre que celui de cette audace. Ni les contours d’un enclos, ni les profondeurs d’un précipice n’ont de sens pour l’oiseau. Voilà pourquoi c’est à l’oiseau qui s’ignore dans chacune de vos cellules que nous nous adressons ici.
Ecoute et retiens... Il y a des millions et des millions d’années de votre temps que nous observons ta planète et l’entourons de nos soins. D’innombrables fois, nous avons vu celle-ci changer de peau et de vêtement. Nous avons connu et protégé comme nous l’avons pu toutes les saisons de son âme et de son corps. Inlassablement, nous avons aussi regardé les brouillons que vous y faisiez de vos propres existences et avons tenté d’intervenir entre leurs lignes.
C’est une interminable histoire de tracés au crayon, de coups de gomme, de taches d’encre, de pages froissées, arrachées puis ré-écrites sur le livre de l’âme. Chacun se perd dans ses chapitres, ses alinéas et ses notes de bas de page. S’y attarder encore, ce serait prolonger l’égarement dans un labyrinthe de prétextes, ce serait perpétuer le virus du dessèchement à l’abri des mêmes vieilles frontières.
Alors non... Cassons tout cela sans lancer un seul regard par-dessus l’épaule, hormis celui de la compassion. Simplifions et visons le cœur de la Cible jusqu’à être le cœur de cette Cible.
La question est donc directe... Qu’est-ce qui fait de vous, amis de la Terre, ces boules de souffrance en épuisante errance au fil des Ages ?
Ne crois pas que cette interrogation cache une énigme. En vérité, la réponse est on ne peut plus simple dans sa racine, même si ses ramifications sont des milliers à se développer dans la sphère du mental... Vous avez fait de vous des étrangers â l’état de Divinité. Vous vous êtes séparés de vous-même en inventant l’illusion de ne pas être Tout ! C’est l’ivresse de la Séparation et donc du sentiment de Liberté qui a fait de vous des égarés. Vous êtes à la fois orphelins et veufs de vous-même !
Dans cette affirmation, il n’y a, vois-tu, aucun reproche, aucune condamnation. Seulement une constatation ou, mieux, le diagnostic aimant de ceux qui ont fait le voeu de lever en vous barricades, barrières et remparts.
Ainsi, nous réapparaissons aujourd’hui afin de vous rappeler que la souffrance n’est ni une nécessité ni une fatalité mais une option que vous avez choisie.
Une option que vous seuls pouvez gommer de votre feuille de route. Une option au choix de laquelle nuls autres que vous, dans le jeu de la complexité, ne vous a contraints. L’accès au bonheur et à la déclinaison de toutes les joies de la Vie est simple, de toute éternité.
La découverte de la simplicité est complexe, dites-vous ? Soyez détrompés ! Il est bien plus difficile de serrer le poing pour frapper en prétextant la défense que de l’ouvrir afin d’accueillir.
Que risque-t-on de perdre ? Rien, hormis la douleur de la crispation. Ne pas tout maîtriser ? Mais qu’est-ce que maîtriser, dites-le-nous, quand on ne se possède pas soi-même, c’est-à-dire quand on ne s’est pas reconnu ?
Y a-t-il enfin un credo que nous cherchons à vous inculquer et auquel vous devriez vous accrocher ? Certainement pas... Les croyances ont déjà suffisamment fait leurs nids en vous, de même que vous avez fait vos nids en elles !
Nous sommes seulement de retour afin de vous apprendre à désapprendre.
Désapprendre, c’est ne plus être différent du rocher où l’on pose sa main, du tronc d’arbre sur lequel on s’adosse, de l’animal que l’on s’imagine dominer, de l’autre que l’on ne peut s’empêcher de juger, de la Terre que l’on foule du pied, de l’eau qui nous lave, du feu, de l’air, des cieux auxquels on aspire et même du soleil qui nous aveugle.
J’ai bien dit «ne plus être différent», mon ami, et non pas «ne plus se sentir différent»... car c’est dans l’Union puis dans la Fusion que tout se résout.
Là se tient le cœur de ce que j’ai à te confier afin que tu le confies à ton tour à d’autres qui le confieront encore... Je ne cherche qu’une tendre contagion de simplicité, rien de plus.
Au nom des Serviteurs des Anges du Seigneur, je ne te parlerai que de ce que je connais pour l’avoir vécu et parce que je continue à le vivre. Seul, ce qui est éprouvé a valeur d’enseignement... le reste n’étant que renseignement.
Sache enfin que, par ma voix, le tu et le vous se mélangeront ainsi que le je et le nous puisque, en vérité, nous ne faisons qu’Un...
Qui est le Seigneur ? Je pourrais tout simplement répondre : «Le Seigneur ? Mais... c’est vous !». Cependant, rassure-toi, rassurez-vous, ce n’est que progressivement que j’entrerai dans une aussi grande simplification. Un écheveau ne se déroule que peu à peu ; c’est la condition pour ne pas en faire un sac de noeuds.
Le Seigneur, dis-je ? Mais... dans un premier temps, n’est ce pas tout naturellement l’ensemble des manifestations de la vie de cette planète qui vous porte et de la Conscience globale qui les rassemble ?
Ecoute-moi... Ton siècle s’amuse de ces peuples que l’on dit primitifs et qui adorent les forces terrestres comme autant de dieux et de déesses. Depuis l’aube des Temps, il est des hommes qui ont pour usage sacré de parler aux arbres afin de leur confier des messages , il en est pour écouter la voix profonde d’un cristal de roche, pour manier le feu dans leurs mains ou pour implorer d’une rivière qu’elle change de lit. Il en est aussi pour connaître la famille des nuages, les sons qui les dissolvent ou, au contraire, les font se déverser en pluie et se mêler au vent. Superstitions et illusions ? Simplement connaissance d’une langue, de ses mots et de sa grammaire secrète et intime.
Pour ces hommes-là, le Seigneur se manifeste à travers une multitude de formes qui sont autant de présences divines portant un nom et endossant une fonction. Ils voient juste... Leurs yeux sont semblables au prisme qui décompose la lumière. Au cœur du blanc virginal, ils perçoivent, aiment et honorent toute la gamme des couleurs du Vivant. Ils y perçoivent même des nuances qui sont étrangères aux autres hommes. Des nuances qui ont leur propre intelligence, leur propre vie... car tout ce qui est EST.
Editions le Perséa / Daniel Meurois-Givaudan