mardi 6 septembre 2005, 13h24
Katrina : Bush dans le collimateur des stars
Plusieurs personnalités du show-biz s'indignent depuis ce week-end de
la situation que connaissent des milliers de victimes du cyclone
Katrina qui a frappé le sud des Etats-Unis.
La chanteuse canadienne Céline Dion, qui a offert un million de
dollars pour les victimes de la catastrophe, a critiqué la lenteur
des secours à la Nouvelle-Orléans en Louisiane. Invitée de la célèbre
émission de CNN " Larry King Live ", elle a poussé un vrai coup de
gueule. En pleurs, elle s'est dite indignée de l'anarchie qui règne
et a pointé du doigt l'inefficacité des autorités améric aines. "Quand
j'allume ma télévision, les gens sont toujours là, attendant d'être
secourus, et pour moi c'est inacceptable", a-t-elle notamment
déclaré.
Le crooner Harry Connick Junior, natif de la capitale mondiale du
jazz, a estimé de son côté que beaucoup de personnes sont mortes dans
la rue " pratiquement comme des animaux ".
Le trublion cinéaste et anti-Bush Michael Moore, dans une lettre
ouverte, a, lui, sûrement mis mal à l'aise le président américain : "
Cher monsieur Bush, auriez-vous une idée de l'endroit où se trouvent
tous nos hélicoptères?". "Des milliers de gens restent en rade à La
Nouvelle-Orléans et auraient besoin d'être secourus par les airs. Où
diable avez-vous pu égarer tous nos hélicoptères militaires ? Avez-
vous besoin d'aide pour les retrouver ? Une fois, j'ai perdu ma
voiture dans un parking, et je sais que c'est pas marrant".
(Europe1)
mardi 6 septembre 2005, 16h39
Katrina: les médias américains passent de la déférence à
l'indignation
WASHINGTON (AFP) - Les médias américains, bouleversés par les ravages
du cyclone Katrina, sont passés de la déférence habituelle qu'ils
réservent aux représentants du gouvernement, à une virulente
indignation, manifestée dans des interviews particulièrement
agressives et des commentaires acerbes.
Alors que l'étendue du désastre était perceptible et que la réaction
des autorités s'est faite attendre, les journalistes de télévision et
de la presse écrite ont abandonné leur réserve coutumière pour des
questions ulcérées venant du fond du coeur.
"Nous avons parlé à des mères de familles avec des bébés dans les
bras, certains âgés à peine de trois ou quatre mois et qui vivent
dans des conditions atroces", s'est indigné le reporter vedette de
CNN Anderson Cooper.
"Ces gens sont obligés de vivre comme des animaux. Il faut voir
com ment sont vraiment les choses sur place. Des gens sont en train de
mourir au centre de conventions (de La Nouvelle-Orléans) et il n'y a
personne pour les secourir", a lancé le présentateur à des
responsables américains qu'il interrogeait et qui insistaient sur le
fait que les opérations étaient sous contrôle.
Ultérieurement, Cooper a interrompu la sénatrice démocrate de
Louisiane Mary Landrieu, alors qu'elle remerciait le président George
W. Bush pour ses efforts, et a insisté sur les corps abandonnés dans
les rues et les sinistrés furieux. "Comprenez-vous la colère qu'ils
éprouvent?", a-t-il alors lancé.
Une telle hostilité dans les questions détonne avec le soutien
inconditionnel accordé au président Bush après les attaques du 11
septembre 2001 et le début de la guerre en Irak en 2003.
Un autre commentateur de CNN a parlé de la visite du président Bush
dans les zones sinistrés en substance, comme d'un exercice en
relations publiques, tandis que les journalistes ont systématiquement
provoqué les responsables qui affirmaient que les opérations de
secours se déroulaient normalement.
Même la chaîne Fox, aux vues très conservatrices, s'est départie de
son ralliement habituel aux positions gouvernementales, ses
commentateurs accusant le gouvernement de ne pas avoir été capable
d'aider les survivants du désastre pendant cinq jours.
Sur CNN, un présentateur, Miles O'Brien, a croisé le fer jeudi avec
le gouverneur du Mississippi Haley Harbour, un des poids lourds du
parti républicain, à propos de l'insuffisance de la préparation des
autorités fédérales et militaires face à un ouragan dont la violence
était connue et annoncée.
O'Brien s'est affronté au gouverneur, dont l'Etat a été sévèrement
frappé par le cyclone, lorsque celui-ci a nié que le gouvernement ait
été "dépassé" par l'étendue du désastre.
"Gouverneur, a la ncé O'Brien, sûrement vous aviez des informations
suffisamment à l'avance, en termes de jours et non d'heures, pour
savoir qu'il s'agissait d'un énorme cyclone".
Alors que les images dantesques de l'ampleur de la catastrophe
étaient sur tous les écrans de télévision, reléguant au second plan
pour la première fois en plus de deux ans la guerre en Irak, des
responsables continuaient d'insister sur le fait que des secours
adéquats étaient prodigués aux milliers de victimes.
Un expert des médias, Peter Levine de l'université du Maryland a
estimé que le changement de ton des médias marquait un retour à la
normale, après quatre années d'alignement sur la position officielle
après les attentats du 11 septembre.
"Après le 11 septembre, ceux qui se sont publiquement opposés au
président et au gouvernement ont été attaqués de toute part", a-t-il
dit.
Mais lorsque des autorités locales, comme la Gouverneure de Loui siane
Kathleen Blanco ou le maire de La Nouvelle-Orléans Ray Nagin ont
publiquement critiqué la faiblesse de la réaction gouvernementale à
la catastrophe, la presse s'est sentie libre de faire de même, a-t-il
ajouté.