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Inversion des pôles magnétiques terrestres : une question d'actualité ?
Luc Fleury
La Grande Époque
vendredi 12 août 2005
Un affaiblissement du bouclier magnétique de la Terre nous exposerait au rayonnement électromagnétique solaire.
Photo.com
L'analyse des données de deux satellites - Oersted, lancé en 1999, et Magsat, lancé vingt ans plus tôt - confirme que le champ magnétique terrestre connaît d'importantes variations. On ne peut dire pour l'instant s'il s'agit d'un effet temporaire lié à un phénomène dit « d'excursion » ou les prémisses d'un phénomène beaucoup plus durable mais certaines données sont troublantes...
Diminution de l'intensité du champ magnétique terrestre
Il semble que la force du champ magnétique terrestre ait diminué de 10 % au cours des 150 dernières années, conduisant ainsi certains spécialistes à évoquer la possibilité qu'il puisse à terme s'effondrer puis s'inverser, provoquant du même coup une inversion des pôles magnétiques pour la première fois depuis plus de 700 000 ans.
Instabilité du pôle nord magnétique
La Terre se comporte comme une gigantesque dynamo, le fer et le nickel en fusion qui constitue son noyau se déplacent et engendrent un vaste champ magnétique qui enveloppe la Terre. Mais comme la matière constituant le noyau est en perpétuel mouvement alors les pôles magnétiques sont constamment en déplacement.
Ainsi, le pôle Nord magnétique de la Terre ne correspond pas au pôle Nord géographique, actuellement au niveau du Canada, il tend à se rapprocher du pôle géographique en se décalant vers la Russie (Sibérie) selon un axe nord-ouest. Les observations de ces dernières années montrent une certaine évolution de ce déplacement.
En effet, cette course accélère aujourd’hui à 40 km/an contre 10 km/an avant 1970. Cependant Selon Larry Newitt, chercheur à la Commission géologique du Canada l'accélération de la vitesse du pôle nord magnétique observée est due à ce que les chercheurs appellent « un saut de la variation séculaire », qui ne laisserait en rien présagé d'un quelconque bouleversement.
Le problème est que cette accélération continue du pôle Nord, alliée à la diminution de la puissance du champ magnétique pourrait également laisser penser que la configuration électromagnétique de la terre ne serait plus stable et tendrait vers une réorganisation.
En fait, à l'échelle géologique, le pôle Sud magnétique ne se contente pas de se déplacer aux alentours du pôle Nord géographique ; il lui arrive de temps en temps de basculer, de migrer brutalement, ce déplacement pouvant atteindre un angle de 180° (ainsi que l’a démontré Peter Warlow dès 1978 dans le journal de physique) . Un historique détaillé de ces inversions de polarité a été établi sur les 7 derniers millions d'années. Il révèle que les inversions importantes se produisent approximativement tous les 500 000 ans.
Conséquences peu connues
A vrai dire actuellement, nous n'avons pas suffisamment d'élément pour estimer avec précision les conséquences d'un tel bouleversement géomagnétique, de grandes divergences existent entre spécialistes. Mais voici un petit aperçu : tous les instruments basés sur le sud magnétique seront inefficaces ; l'affaiblissement du champ magnétique durant la phase de transition réduira l'efficacité de ce manteau protecteur, laissant le champ libre aux particules de vents solaires et aux rayonnements néfastes dont la virulence ne manquera pas d'avoir de graves conséquences sur la santé humaine et sur toutes sortes d'écosystèmes terrestres.
Orages magnétiques (dus au vent solaire) et aurores boréales pourraient alors faire parti de notre lot quotidien et une série de séismes le long des lignes de faille tectoniques et de gigantesques raz de marée consécutifs à des bouleversements subocéaniques risquent également de se produire provoquant la disparition sous les flots d'îles et de régions côtières, tandis que des fonds marins surgiraient des profondeurs...
Nous n'en sommes pas encore là, mais quelque soit l'échéance dans 1 ans, 10 ans ou 100 000 ans, ce scénario catastrophe risque bien un jour ou l'autre de prendre forme...