Complots, intrigues et manipulations dans la dynastie Tang. Les conspirateurs n'ont qu'un seul but, prendre le pouvoir.
DR
« La Cité interdite »
Complot de famille DOMINIQUE BORDE (mercredi 14 mars 2007)
Dans la Chine du Xe siècle, sous la dynastie Tang, l'empereur revient
dans la Cité interdite après une longue absence et découvre qu'un
complot se trame dans son palais. Plusieurs conspirateurs veulent
prendre le pouvoir, tandis que la reine et ses fils se livrent une
lutte sans merci devant une armée prête à livrer bataille. Lequel
l'emportera dans le dédale gigantesque de la Cité interdite ? En
attendant, il devient évident que la silencieuse et impressionnante
reine est chaque jour lentement empoisonnée.
INTERVIEW : Gong Li « Je sais ce que je veux » Dix ans après Shanghai Triad, la star chinoise retrouve son réalisateur
fétiche, Zhang Yimou, celui qui la révéla dans Le Sorgho rouge (1987),
puis dans Épouses et concubines (1991). De belles retrouvailles sous le
signe d'une somptueuse fresque historique, La Cité interdite, dans
laquelle elle incarne une impératrice déchue sous la dynastie Tang.
Miracle de l'électronique, Gong Li, retenue à Pékin, a répondu aux
questions du « Figaroscope » par courrier électronique.
Comment avez-vous réagi face à cette impératrice trahie par son mari ?Quand Zhang Yimou m'en a parlé, j'ai tout de suite vu ce qu'il y avait
de spécial, de puissant dans ce personnage tiraillé entre sa force et
ses faiblesses, entre son statut d'épouse et d'impératrice, entre ses
désirs et ses attentes de femme. Elle est au-dessus de tout le monde,
sauf de l'empereur et tout devient confus, compliqué pour elle, jusqu'à
sa chute tragique.
Depuis votre dernier film avec Zhang Yimou, vous avez tourné avec
des réalisateurs aussi différents que Chen Kaigé, Sun Zhou, Wong
Kar-waï, Michael Mann. Qu'en avez-vous retenu ?En douze ans, j'ai beaucoup tourné de films en Chine comme à Hollywood.
J'ai mûri et je me connais mieux. Je sais bien ce que je veux, ce dont
je suis capable et ce qui est important et ne l'est pas.
Dans « La Cité interdite », vous parlez peu et devez dissimuler vos
émotions. Tout se passe dans le regard, ce que vous appelez le «
yanshen »...Ce mot signifie « l'esprit des yeux » ou comment votre moi intérieur,
votre univers profond sont exprimés à travers la façon dont vous
regardez les choses. C'est toute la difficulté de mon rôle et de
l'intrigue du film : extérioriser ou dissimuler un sentiment qui vient
du plus profond de vous, se taire alors qu'on voudrait s'exprimer. Un
personnage aussi fort et perturbé que l'impératrice doit projeter tout
ça en un seul coup d'oeil. Mais si j'ai le choix, je préfère utiliser
le language du corps, les gestes ou les expressions du visage.
Dix ans après, comment avez-vous retravaillé avec celui qui vous a fait débuter ? Vous a-t-il donné des conseils ?On a pris le temps de préparer ensemble les moindres détails de mon
personnage, notamment les effets physiques de la potion qu'on l'oblige
à ingurgiter : le tremblement des mains et les gouttes de sueur sur son
front... C'est un cinéaste qui a un merveilleux style visuel et le sens
du récit.
Le cinéma de Zhang Yimou semble moins politique, plus commercial que dans le passé. Qu'en pensez-vous ?Même s'il dispose de plus gros budgets, il attache toujours autant
d'importance à la partie artistique, au récit, aux images. À ce titre,
La Cité interdite combine la vision artistique et l'intérêt commercial.
En tant que conseillère culturelle pour le gouvernement à Pékin, quelles sont vos préoccupations ?Sans parler de censure, je trouve qu'il faudrait instituer un système
de classement des films qui aiderait les jeunes spectateurs dans leur
choix. Je crois que l'éducation fait partie de la culture. Relever son
niveau est très important pour la Chine d'aujourd'hui, qui connaît un
tel boom économique et social qu'il faut non seulement développer la
qualité de la vie mais aussi la qualité de l'esprits.
(Propos recueillis par Jean-Luc Wachthausen) CRITIQUE.
Une
sombre histoire de famille pour une reconstitution lumineuse et
somptueuse où Zhang Yimou déploie tous ses talents de metteur en scène
d'opéra pour enluminer un mélodrame shakespearien. Après une scène
d'ouverture virtuose qui met symboliquement en parallèle la toilette
des femmes et la préparation des guerriers, le film se déroule entre
intrigues et grand spectacle, scènes intimistes et mouvements de foule.
Dans les ors et les fastes volontiers clinquants du palais, le complot
guette et l'histoire va et vient entre décors luxueusement
tape-à-l'oeil et calculs machiavéliques. Mais, très vite, le spectacle
l'emporte sur l'intrigue, la reconstitution et l'interprétation de Gong
Li, monolithique et princière, prennent le pas sur la portée historique
du film.
Voilà donc une belle et grandiose image qui s'inscrit dans le grand
livre du cinéma chinois d'exportation. À feuilleter admiratif et
distant.
Film historique de Zhang Yimou
Avec : Gong Li, Chow Yun-Fat, Jay Chou
Durée : 1 h 54