Le Dalaï Lama en visite en Israël

Le Dalaï Lama en visite en Israël
Dan Izenberg
Collaboration spéciale pour La Grande Époque
mercredi 1 mars 2006


Le Dalai Lama a appelé à la tolérance et à la non-violence en Israël.
Photo : AFP

Sa Sainteté le 14e Dalai Lama s’est rendu en Israël où il est resté quatre jours, appellant chacun à la sagesse, à l’amour infini et à la compassion dans ses rapports avec ses frères humains. Par contre le Dalai Lama n’a pu rencontrer d’officiel israélien car le gouvernement craignait de s’attirer l’hostilité du régime chinois. Pendant son séjour il a fait des rencontres informelles avec des étudiants, des hommes d’affaires et d’autres personnes afin de transmettre un appel à la non violence et au dialogue. Au cours d’une conférence de presse à Jérusalem, réunissant des dizaines de journalistes locaux et étrangers, le Dalai Lama a dit être venu pour promouvoir les valeurs humaines et l’harmonie des religions.

« J’ai la ferme conviction que nous avons la capacité de ressentir la chaleur humaine, a-t-il dit, je crois que la chaleur humaine nous a aidé à survivre. Depuis l’enfance, dès la naissance nous cherchons d’instinct le sein maternel. Et la mère est remplie d’instinct d’infinie tendresse. C’est la base de notre survie. Ainsi commence la vie. Je crois que la chaleur humaine, le sens de la communauté, la fraternité sont là d’instinct. Ces sentiments fondamentaux peuvent s’endormir lorsque les croyances religieuses et les intérêts économiques et politiques les ternissent, rajouta-t-il, ainsi c’est l’homme qui engendre lui-même ses problèmes. Mais si l’humanité pouvait éveiller les riches aux sentiments humains, à la chaleur et la fraternité beaucoup de ces problèmes seraient réduits. »

Son deuxième engagement est envers l’harmonie religieuse. i on comprenait la valeur de la religion des autres, la valeur que toutes les religions partagent, on développerait le respect mutuel, la compréhension et l’admiration »t-il dit.

L’un des reporters lui demanda de commenter la scène d’un film qui montre les réfugiés tibétains en Inde. Dans la scène une réfugiée dit que son peuple croit qu’il souffre parce qu’il n’a pas assez prié, mais elle, pense que son peuple souffre parce qu’il a trop prié.

« Je suis un bouddhiste qui accorde de l’importance à l’intelligence humaine plutôt qu’aux bénédictions et aux prières » répondit le Dalaï Lama. « Je veux dire à ces gens qui attendent ma bénédiction que celle-ci doit venir d’eux-même. Pour cette raison je ressens, moi-même, les limites de la prière. L’action compte plus à mes yeux que la prière ». Le Dalaï Lama a dit qu’il y a des Tibétains au Tibet et hors du Tibet qui critiquent son attitude envers la Chine. Il a dit qu’il voulait l’autonomie pour son pays et non pas la séparation de la Chine et l’indépendance ; ceci est dans l’intérêt materiel du Tibet de faire partie de la Chine. En revanche, à cause des différences culturelles et environnementales le Tibet demande l’autonomie. Le Dalaï Lama a dit qu’il a trouvé beaucoup d’erreurs dans le comportement des gouvernements communistes chinois depuis l’établissement de la République Populaire de Chine en 1949. Par exemple au cours des trois premières décennies le gouvernement a mis l’accent sur l’idéologie, puis durant les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix il a mis l’accent sur l’économie libre créant ainsi une nouvelle « caste » de familles riches. En général, les gouvernements communistes tels que ceux de l’ancienne Union Soviétique et d’Europe de l’Est étaient totalitaires et gouvernaient par la terreur et la peur. Le Dalaï Lama a dit qu’il recevait beaucoup de visiteurs qui lui ont dit qu’aujourd’hui en Chine il faut montrer deux visages – l’un selon la ligne officielle du gouvernement et l’autre selon les sentiments profonds que chacun porte en lui. Le Dalaï Lama a dit que les relations entre le Tibet et la Chine ont connu beaucoup de fluctuations depuis le début du problème des réfugiés tibétains en 1959. Cependant, aujourd’hui la relation semble être chaleureuse. Depuis 2002 ont eu lieu cinq rencontres entre les dirigeants de deux parties pour résoudre la controverse autour du statut politique du Tibet. Il a également formulé des conseils aux dirigeants israéliens et palestiniens : « Je voudrais profiter de l’occasion pour faire appel aux gens concernés, et leur dire : vous ne trouverez aucune solution satisfaisante par la violence. Au long terme la violence n’engendrera que des complications et les deux parties n’en ressentiront que plus de haine et de colère. Pour cette raison je crois qu’il est temps d’essayer de trouver une solution par le dialogue sur la base d’un respect mutuel. Israël doit respecter les droits des Palestiniens et les Palestiniens doivent accepter la nouvelle réalité. Il est temps de réfléchir et d’explorer ces pistes. »